Dans James Brown mettait des bigoudis, l’autrice du Dieu du Carnage, met en scène la question éminemment contemporaine de la normalité, au travers des relations familiales et de la violence des émotions.
Jacob, la vingtaine, est dans une maison de repos. Un établissement, paumé au milieu d’une nature ordonnée et impavide. Il s’y est fait un ami : Philippe. De même que Jacob se vit en Céline Dion, Philippe est un homme blanc qui s’identifie comme noir. Les parents en visite sont complètement perdus, et forcément inquiets. Car leur Pitounet ne ressemble pas du tout à l’idée qu’ils s’étaient faits de lui adulte ! Jacob, qui veut qu’on l’appelle Céline, a pris une voie (voix) qu’ils n’auraient jamais pu imaginer. Et la psy qui s’occupe d’eux ne cherche pas à les ramener à la conformité. Non, elle les pousse à s’harmoniser, s’assumer et parvenir à l’émancipation ?! On rêve ?
Une fois encore, Reza navigue sur le fil de l’hilarité et de la douleur, de la solitude et de la tendresse, pour nous conter un monde en profonde mutation quasi génétique, entre souffrance et aspiration légitime à la liberté. Car les parents sont toujours inquiets quand les jeunes ne sont ni conformes ni rassurants. Mais au fond, la normalité est-elle raisonnable ? Et si bonheur d’être il y a, pourquoi, pour qui, lutter ? Et comment progresser, cheminer vers d’autres perceptions de la réalité ?
On dit que sans projection et sans modèle aucun être humain ne se construit. Reza pose question : de quoi sommes-nous bâtis ? De qui sommes-nous faits ?