La création est un vertige. Ingmar Bergman, en homme de théâtre, s’interroge ici sur les arts de la scène, sur les liens enchevêtrés qu’il entretient avec les actrices, avec son travail, ses doutes...

Le vase clos de la répétition nous offre la magie. La magie des coulisses, des loges, des cintres, des trappes… des fantômes qu’on ressuscite à chaque spectacle. Magie de ces matériaux humains, infiniment vivants, brûlants et fragiles qui en sont l’essence même. Où les sentiments feints du théâtre et les sentiments vrais de la vie se bousculent sans répit. Ici, tout le génie de l’auteur se déploie et il est impossible d’être plus juste, plus précis, plus riche de réflexions et de confidences noblement impudiques.

Dans Après la répétition, un autre homme, le metteur en scène, se retourne sur trente années passées au sein du Théâtre Le Public. Il s’interroge sur une vie de théâtre, une vie passée « à donner vie », son rapport aux publics, aux artistes, à la politique, à l’avenir du théâtre. Un hommage, en somme, à cet art de la parole à nu. À cet art ancestral enraciné dans le passé et définitivement tourné vers l’avenir, tour à tour art fondateur ou « non essentiel », archaïque et contemporain, dépassé ou précurseur… Au final se réinventant sans cesse et infiniment.
Quoi qu’il en soit, il y a peu de certitudes dans l’avenir, mais à l’heure des intelligences artificielles, le théâtre gardera une fois de plus son irremplaçable statut d’Art vivant, ça, c’est certain.