La violence contre les femmes et les fillettes est la violation des droits humains la plus répandue au monde. Amnesty International veut mettre un terme à ce scandale des droits humains, en s’associant aux mouvements de femmes qui luttent contre cette violence depuis des années, dans le monde entier.

Dans le cadre de Coup de grâce, Maryse Hendrix, coordinatrice culture chez Amnesty International, pose son regard sur la pièce de Pietro Pizzuti. « Pour moi, la pièce parle davantage de la domination masculine dans sa dimension sociologique, c’est-à-dire comme un système d’organisation sociale admis en fonction du besoin de cohésion de toute société humaine. Et comme tous ces systèmes sont ancestraux, ils font en sorte que les acteurs, dominants comme dominés, ne voient plus le rôle qu’ils jouent : les hommes ne se voient pas comme dominants et les femmes ont longtemps intégré comme "normal" leur rôle de dominées. 
On observe cela dans d’autres situations comme l’esclavage qui a été admis et totalement légal depuis l’antiquité jusqu’au...XIXème siècle ! Et où pas mal d’esclaves aimaient leur maître... 
Comme toujours, c’est celui qui occupe la place la plus inconfortable qui commence à en prendre conscience et à s’en plaindre, puis à se révolter. Ici, on voit comment cette domination saccage souvent la vie des femmes. Et cette domination masculine, vue comme un système et un processus social, est le cadre où se développe assez logiquement la plus grande violence, pouvant même aller jusqu’au crime qui rencontrera dans la société une étonnante mansuétude. Il s’agit dans l’inconscient collectif de "remettre la femme à sa place", celle de soumise et d’obéissante créature, et donc de la punir si elle n’obtempère pas. 
La femme qui s’oppose, s’insurge ou se révolte ne trouve pas beaucoup de soutien ou même de sympathie ni d’écho dans la société. Il n’y a qu’à voir comment des femmes d’aujourd’hui qui adoptent dans leur vie une posture égalitaire se sentent tout de suite obligées de préciser "mais je ne suis pas féministe". Difficile d’aller à contrecourant ou de désobéir à l’ordre établi et encore plus de le revendiquer !
Dans Coup de grâce, l’intérêt est qu’elles ont toutes joué une facette différente de la figure féminine et elles se retournent sur leurs parcours avec un regard presque extérieur.
Je ne trouve pas que la pièce parle de violence stricto sensu, mais bien du système sociologique qui amène cette violence, la permet et l’autorise. »

Pietro Pizzuti : « Coup de grâce, ma modeste contribution à la lutte pour l’abolition d’une forme de violence inacceptable »

L’auteur de Coup de grâce nous explique pourquoi il a écrit ce texte et les thèmes qu’il aborde dans ce spectacle.

« Il s’agissait de réussir à traiter le sujet de la violence subie par des femmes, dans un contexte conjugal et familial, sans les réduire ni stigmatiser leur état de victimes. J’ai souhaité écrire une fiction qui permette aux héroïnes de transformer la souffrance causée par leurs inguérissables blessures, en une endurance par laquelle elles accèdent à une attitude réparatrice. Elles y parviendront grâce à leurs capacités intellectuelles, qu’elles soient rationnelles ou émotionnelles. Cet enjeu a été passionnant à affiner. Mes trois héroïnes sont capables non seulement de faire face à leur bourreau, mais aussi d’accomplir – chacune à sa manière – l’accompagnement du mourant, compte tenu de la situation critique pour laquelle elles ont accepté de se réunir, à la demande de celui-ci. Elles renversent – ce faisant – le rapport de force qui les liait jusque-là à cet homme. C’est probablement cette expérience qui leur révèlera certes une dimension inconnue de leur capacité de résilience, mais surtout une prise de conscience des pouvoirs pacifiants de leur être profond. J’espère ouvrir l’échange de points de vue sur cette question, devenue plus que jamais complexe, par les temps que nous traversons.
C’est ma très modeste contribution à la lutte pour l’abolition d’une forme de violence inacceptable, aussi sournoise que répandue. »