L’auteur Herb Gardner nous offre ici un bijou inclassable et pittoresque du théâtre américain. Patron de café, Itzhak Eddie Goldberg Ross est soucieux de faire oublier ses origines ashkénazes en se fondant dans le moule yankee. Mais c’est sans compter sur son épouse respectueuse des traditions yiddish, sur leurs deux fils aux prises avec des vexations racistes, et sur les habitués du bistrot formant un petit groupe d’émigrants juifs encore mal intégrés au modern way of life . La blague juive devient ici saga et le recours aux flash-back, depuis la fin des années trente jusqu’à la guerre du Vietnam, laisse affleurer les personnages de leurs propres souvenirs. Le formidable metteur en scène Jean-Claude Berutti monte de façon réjouissante et cocasse ce chant de l’exil, escorté de tous ses couplets sur l’intégration durement menée et finalement loupée. On y rit beaucoup, on y pleure aussi, mais ce sont les disputes qui font la part belle de ces conversations injectées de yiddish et de slang new-yorkais. On y chante, on y danse aussi, emporté par la vitalité insurpassable du père, qui adopte des dimensions shakespeariennes. Il était une fois l’Amérique…